Emmanuel Lévinas n’a cessé de consacrer toute son œuvre à la question centrale de « l’arrachement de l’étrangeté indéfinissable de l’Autre à l’empire totalisant du Même ». Plaçant l’épiphanie du visage comme extériorité qui dérange et déchire le sensible, au centre de sa pensée, il dépassera même les bornes de la phénoménologie classique en fondant une pensée de l’éthique et de la signifiance première qui trouvera son expression originelle dans sa propre philosophie de la transcendance éthique d’autrui.
« Le visage est la nudité de l’autre, la mendicité de l’autre ; bien entendu, chaque visage se donne son importance, sa position. Mais ce que je désigne en tant que visage de l’autre, c’est plus important qu’une cravate : ce « je suis là », « je suis celui-ci », cet être exposé, ce s’exposer. C’est pourquoi il y a simultanément un commandement dans le visage. Je le ressens toujours comme un commandement : « Tu ne tueras point ! ». » (Emmanuel Lévinas, 1987).