sous la direction de Monique Cottret et Caroline Galland
L’histoire politique renvoie à des catégories différentes, parfois complémentaires, souvent contradictoires. Le politique se situe dans le domaine des savoirs, des idées et des débats. C’est un genre noble qui s’exprime au travers de programmes, d’analyses, de réfexions et qui évoque des conceptions du monde, des idéaux, des engagements et des espérances. Mais la politique, que l’on dit souvent « politicienne », rejoint des pratiques plus quotidiennes, et parfois contestables : les coups bas, les manipulations, les tractations, les compromis, voire les trahisons en forment la chronique ordinaire. C’est surtout à ce niveau que se rencontrent les peurs, les rumeurs et les calomnies qui font l’objet de cet ouvrage. Susciter la peur, répandre des rumeurs, calomnier l’adversaire appartiennent à l’arsenal commun des affrontements peu glorieux. Cependant depuis Bazile, le personnage du Barbier de Séville de Beaumarchais mis en musique par Rossini, nul ne s’est risqué à chanter les louanges de cet art néfaste. Il convient de le pratiquer dans l’ombre. Rassembler des études de cas, comparer dans le temps et dans l’espace de telles pratiques, permet de dégager des constantes, d’entrevoir des répétitions, de repérer des glissements d’un domaine à l’autre. Toutes les peurs cependant ne relèvent pas de la manipulation. Toutes les rumeurs ne sont pas du domaine de l’irrationnel. L’histoire des émotions, celle des imaginaires donnent une dimension passionnante à cet univers mouvant. Pendant une dizaine d’années Monique Cottret et Caroline Galland ont animé dans le cadre de l’université Paris Ouest Nanterre un séminaire doctoral qui tournait autour de ces questions. Le rejet, la haine et l’anathème ont été étudiés dans Les Damnés du ciel et de la terre (PULIM, Limoges, 2010). Les modalités de la croyance ont été au cœur d’un second volume Croire ou ne pas croire (Paris, Kimé, 2013). Le troisième et dernier volume de cette trilogie propose modestement des instruments pour mieux comprendre la politique, et pourquoi pas la réenchanter ?
Caroline Galland est maître de conférences et enseigne à l’université Paris Ouest Nanterre. Elle est spécialiste des relations entre les réguliers et la monarchie dans l’Amérique française : Pour la gloire de Dieu et du Roi. Les récollets en Nouvelle-France aux xviie et XVIIIe siècles (Paris, Le Cerf, 2012) et en Europe : Les récollets. En quête d’une identité franciscaine, (Tours, Presses François Rabelais, 2014).
Monique Cottret est professeur émérite à l’université Paris Ouest Nanterre, spécialiste de la période moderne, elle a notamment publié, La Bastille à prendre (Paris, PUF, 1986), Jansénismes et Lumières (Paris, Albin Michel, 1998), Culture et politique dans la France des Lumières (Paris, Armand Colin, 2002), Tuer le tyran ? (Paris, Fayard, 2009), Histoire du jansénisme (Paris, Perrin, 2016) et avec Bernard Cottret, Jean-Jacques Rousseau en son temps (Paris, Perrin 2005, réédition Tempus 2011).