A-t-on déjà tout écrit à propos des relations entre Flaubert et Maupassant ? On pourrait le croire puisque la critique a souvent noté les liens humains entre les deux écrivains. Néanmoins, on a trop peu relevé le dialogue permanent qui les a uni par le biais de leurs échanges épistolaires et de leurs œuvres. Maître de conférences en littérature française, agrégé ès lettres, Thierry POYET enseigne à l’Université Blaise-Pascal (Clermont-Ferrand).…
A la mode au XIXe siècle, devenu argument publicitaire au siècle suivant, l’anticonformisme apparaît à Maupassant comme le gage de la modernité et de sa réussite littéraire. Il est synonyme d’individualisation dans la création artistique et de singularité de l’œuvre en un temps où l’autonomisation de la littérature a réduit à néant les prétentions didactiques du texte et le rôle de maître à penser de l’écrivain. Avec ses contes et…
Première femme à avoir été proclamée docteur de l’Église, Thérèse d’Avila est généralement considérée comme la plus grande mystique chrétienne. Pour René Pommier, elle est complètement folle et il s’emploie à démontrer et à démonter sa folie grâce à une lecture très attentive de son œuvre. Cette lecture offre le spectacle d’un esprit complètement enfermé dans sa foi, d’un esprit totalement incapable de concevoir le moindre doute, de se poser…
“Bien que beaucoup la célèbrent à grands coups de trompette, la pensée de René Girard ne vaut vraiment pas tripette”. Telle est la conclusion sans appel de l’étude que René Pommier a consacrée à celui qui est souvent considéré comme le Darwin ou l’Einstein des sciences humaines. Mais René Pommier ne se permettrait pas de s’exprimer aussi brutalement s’il n’avait auparavant minutieusement démonté les analyses de René Girard et démontré…
Élevé dans le religion chrétienne, René Pommier n’a cessé, depuis qu’il a perdu la foi, d’éprouver un double sentiment que l’on retrouve tout au long de ce livre : si les croyances religieuses, particulièrement celles de la religion chrétienne qui, en matière de fariboles rocambolesques, a fait preuve d’une inventivité tout à fait phénoménale, le font souvent pouffer de rire, elles le font aussi, et plus souvent encore, étouffer de…
Dans le seul domaine anglais Artaud mentionne, traduit, adapte ou commente Chesterton, Wells, Stevenson, Chaucer, Southwell, Rossetti, Keats, Shaw, Wilde, Butler, Conrad, Byron, Shelley, Blake, Hawthorne, Melville, Faulkner, Lawrence, Fludd, Lewis, De Quincey, Coleridge et Synge. Il n’est guère étonnant, alors, que la manière dont Artaud conçoit et pratique l’humour relève de l’humour tel que les Anglais l’ont défini et illustré. Si l’examen de ses sources nous aide à mieux…
Cette étude procède d’une interrogation sur le geste presque anodin mais néanmoins persistant qu’est la dédicace dans notre culture littéraire. Dédier une œuvre, c’est avant tout s’acquitter des circonstances qui l’ont autorisée. Par l’offrande qu’un auteur fait à l’ami, au parent, au maître, au mécène ou peut-être à nous-mêmes, lecteurs, l’écriture reconnaît quelle est fragile, mortelle, et qu’elle a des comptes à rendre. Mais il faut se garder de prendre…
Cet ouvrage est né d’un constat : la disproportion entre l’importante production du conte merveilleux au XVIIIe siècle et le nombre relativement modéré des analyses critiques qu’elle a suscité. Les recherches menées ont non seulement confirmé l’hypothèse de départ – celle du caractère expérimental du conte -, mais elles ont aussi tracé les grandes lignes de la poétique du genre, tout en mettant au jour ce que révèle sur les…
Il arrive qu’un auteur croie avoir raté une œuvre. Il arrive que le temps dévoile le génie de cet échec. C’est sans doute ce qui se révèle pour nous à l’égard de Rousseau juge de Jean-Jaques (1772-1776) : car s’il y a quelque chose d’intenable dans la stratégie énonciative compliquée de ce texte, c’est que Rousseau y affronte l’impéritie des formes disponibles, relativement à ce qu’il entend saisir de lui-même…
Cette cartographie est une recherche sur la notion de style en littérature. Comment nommer l’extériorité de la ligne de crête dantesque vers laquelle tend la multitude des voix qui la composent ? c’est la tâche poursuivie ici : détecter l’univocité paradoxale, grandiose jusqu’à l’inhumain, de ses répétitions-progressions, de ses rythmes brisés, qui défont les figures et les allégories existentielles, politiques, théologales, pour extraire les intensités conceptuelles, perceptives et affectives de…